Le Havre : le chimiquier turc, Deniz-S, jugé pour pollution maritime

Le chimiquier, le Deniz-S, est mis en cause dans une affaire de pollution maritime commise le 15 janvier 2014, au large du Havre (photo archives)

«L’écoulement dans le sillage du chimiquier s’arrête dès que l’hélicoptère des douanes le survole et prend attache avec lui », note l’avocat des sept associations écologistes, sur les huit, parties civiles dans ce dossier de pollution maritime.

Pour Maître Busson (barreau de Paris), l’équipage manipulait les vannes afin de se débarrasser volontairement d’huile en mer. De l’ordre côté de la barre du tribunal correctionnel du Havre, hier après-midi, l’armateur prévenu du bateau Deniz-S, comme le capitaine, préfère la thèse du simple accident.

Le 15 janvier 2014, la nappe est repérée par l’hélicoptère en surveillance. Débutant au Havre (Seine-Maritime), elle est large de 100 mètres et s’étire en continu sur 15 kilomètres vers le Nord. Elle provient sans conteste du chimiquier Deniz-S battant pavillon turc.

Un chimiquier en mauvais état

Il vient de décharger à Port-Jérôme (canton de Lillebonne), et a pris la direction de Gand (Belgique). Sous escorte, il est finalement dérouté vers Dunkerque (Nord-Pas-de-Calais).

Le lendemain, le navire suspect est inspecté sur décision du parquet du Havre. Il demeure à quai jusqu’au 17 janvier 2014 et doit régler une caution de 150 000 €.

Un relatif mauvais état du chimiquier est retenu par l’enquête. Plusieurs dysfonctionnements sont notés. Quant au produit déversé en mer, il s’agit d’huile qui serait végétale. Sur une échelle comportant trois échelons (de X à Z), l’importance de sa nocivité est estimée au niveau intermédiaire (soit Y).

« Persistant » en surface, dit un expert entendu, cette huile représente un danger pour les ressources marines et les oiseaux. Si elle peut être lâchée en zone territoriale française, cela doit se faire suffisamment loin du littoral. Cela n’est nullement le cas en l’espèce. Le Deniz-S « a préféré rester le long des côtes. Peut-être pour gagner du temps et se rendre à Gand. Parce que le temps, c’est de l’argent », estime Me Busson.

La défense maintient le déversement accidentel. « L’armateur n’est pas de mauvaise foi, plaide Maître Le Borgne de La Tour. Mon client est venu aujourd’hui d’Istanbul (ndlr, en Turquie) pour comparaître ».

À l’encontre de cette société, le parquet a requis 100 000 €. Une autre amende de 50 000 € a été demandée envers le capitaine turc de 48 ans. Chacune des huit associations a réclamé des dommages-intérêts à hauteur de 1 500 €. Le tribunal rendra sa décision le 23 février prochain.

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